Ce vignoble du sud-ouest séduit par la pureté, la fraîcheur et l’authenticité de vins à qui s’offre une large palette culinaire.
Par Antonio Mafra
Longtemps considéré comme le vin du cassoulet ou au confit de canard, le cahors s’est affranchi de la cuisine traditionnelle. Oublié le temps du “Carte noire” sur les gondoles de la grande distribution. Oubliés les vins rugueux et râpeux.
Une nouvelle génération de vignerons relève le défi pour faire entrer le cahors dans la modernité. Ils ont abandonné les élevages en bois pour les cuves ou les amphores. D’autres troquent la barrique au profit de l’empreinte moins boisée du foudre. Les cuvées, vinifiées majoritairement avec du malbec, complété par du merlot et du tannat, ressortent plus soyeuses, plus équilibrées, avec des tanins plus fins, mais toujours avec de la profondeur et de la minéralité.
La palette aromatique s’exprime sur le fruit noir, mûre et cassis, la violette et la réglisse. En vieillissant, ils s’enrichissent de notes de truffe et de sous-bois. De quoi offrir un formidable terrain de jeux aux accords mets et vins, de l’apéritif jusqu’au dessert, à des prix doux.
Des vins pour des instants décontractés.
Vous aimez les vins fruités, à boire sur la jeunesse ? Au domaine Le Vent des jours, domaine créé en 2019 par Laurent Marre, on va de surprise en surprise. Fruités, presque nature, ses vins ont une franchise et une gourmandise qui subliment un apéro.
À la Bérangeraie, nous avons choisi la cuvée “Juline”. Agréable à boire, sur des arômes de fruits noirs confiturés, adoucis par des notes d’épices, ce vin illustre parfaitement cette nouvelle orientation. À boire, un peu frais, avec une salade de gésiers (8€).
Même typologie pour ce vin de soif, au sens noble du terme, léger en bouche, proposé le château de la Caminade pour un barbecue entre copains. (8,50€).
Issue de jeunes vignes, la cuvée “French malbec” du Clos Triguedina s’expriment sur la griotte et la groseille avec des notes épicées. Un vin léger et croquant pour des amuses bouches ou une assiette de charcuterie (9€).
Des rouges pour les produits de la mer.
À Cahors, nous avons trouvé notre coup de cœur au domaine de Maison Neuve où Cyrille Delmouly a débouché sa cuvée classique, millésime 2016. Un 100 % malbec de grande facture, minéral et épicé, vin droit avec des notes végétales, une salinité en fin de bouche. Et tout cela à 6,50€. C’est cadeau ! À boire avec des huitres de Bouzigues ou des crevettes.
Tout comme la cuvée “Tradition” du Château Nozières, qui a passé en 18 mois en cuves ovoïdes, accompagnera un steak de thon rouge grillé ou des filets de maquereau. (10,70€).
Les classiques autour de la viande
Au Mas Del Périé, Fabien Jouve travaille en biodynamie pour produire un vin aux tanins très fins, sur des fragrances cerise, de violette, et de garrigues, qui fera écho à un canard au curry vert. Les Escures (14€).
Au Château de Gaudou, la cuvée Tradition vous interpellera par des notes herbacées et une fraîcheur en bouche qui rappellent la syrah de la vallée du Rhône. À servir avec une brochette d’agneau accompagnée d’une purée de céleri (12€).
On retrouve ces mêmes caractéristiques dans “Petite Étoile” du Mas des Etoiles. Ses notes de fruits noirs, avec une finale minérale sur une touche d’amertume, tranchera sur le moelleux d’un carré d’agneau du Quercy aux herbes à l’étouffé et ail en chemise (9€).
Tout en souplesse et en rondeur, la “Réservée de l’Aïeul” du Château Eugénie, un cahors classique revisité parla nouvelle vague, avec des arômes de mûres sauvages, une persistance en bouche sur des notes d’épices douces (14€) s’accorde avec une viande blanche servie avec des légumes grillés.
Le Château Lagrézette, l’un des domaines emblématiques du cahors séduit par son toucher floral sur des arômes de fruits noirs mûrs. Persistant en bouche, avec des tanins soyeux, vous l’accompagnerez avec des viandes travaillées en daubes ou un canard au sang ou du foie gras (15€).
Fromages et chocolat
Vinifiée sans souffre ajoutée, la cuvée “Extra-libre” du Château du Cèdre s’équilibre sur le fruit noir et des notes végétales avec un boisé léger et des tanins poudreux. Sa puissance aromatique fera écho à un fromage à pâte persillée (15€).
La “Cuvée des générations” du château Plat Faisant allie subtilement des arômes de mûre sauvage et de pruneaux avec des notes végétales qui s’accordent avec un gâteau au chocolat noir (12€).
Sur ce registre, avec les cahors très fruités, vous pouvez oser le melon du Quercy ou des gâteaux autour de la noix.
Des vins de garde
Vous serez surpris du potentiel de garde de certains cahors qui peuvent franchir allègrement les 20 à 30ans. Voici trois cuvées qui peuvent se déguster comme un cognac en fin de soirée, sur une terrasse avec quelques notes de musique :
- “Amandine” de Cyrille Delmouly (20€)
- “T7” de la cave coopérative des Côtes d’Olt Vinovalie, un parcellaire avec tout ce qu’il faut de fruit, de rondeur et de maturité (26€)
- “Les Moutons” du Vent des jours (22€)
Hors concours, la cuvée “Icône Wow” du Château Haut-Serre montre que le Cahors peut rivaliser avec les grands bordeaux. Ici tout n’est que finesse et élégance. De la haute couture pour laquelle il faut compter plus de 100€.