“Le vignoble de Cahors était resté figé au Moyen Âge, mais produit désormais des vins magnifiques” Michel Rolland.
En visite à Londres cette semaine pour fêter les 30 ans de sa collaboration avec le Château Lagrézette ; Michel Rolland, consultant en vins influent, explique à Drink Business la transformation de la qualité des vins de Cahors.
18 Octobre 2018 par Patrick Schmitt
Lorsque Michel Rolland est arrivé dans la région et a pris son premier rôle de consultant à Cahors en 1988 ; les approches de la viticulture et de la vinification étaient médiévales. Sa collaboration avec le Château Lagrézette commencera à la suite d’une invitation par son propriétaire, Alain Dominique Perrin ; figure de proue du monde du luxe directeur exécutif du groupe Richemont ; propriétaire de marques telles que Cartier et Dunhill, commencera leur collaboration.
«C’était au Moyen Âge», dit-il «Mais maintenant, nous avons du beau vin… Le malbec de Cahors peut être génial». C’est un revirement remarquable du caractère du Cahors qu’il a remarqué sur une période allant de 1988 à nos jours.
Pour parvenir à un tel résultat ; il a toutefois fallu repenser complètement la façon de cultiver et de vinifier le malbec. Le principal changement étant une nette réduction des rendements, selon Rolland. “Le vin de Cahors était principalement vendu sur le marché français. Le jour où Cahors a décidé d’exporter, les critiques ont été vives car ce n’était pas assez bon ; alors les producteurs l’ont amélioré.”
Le climat continental de Cahors, un véritable atout pour le malbec
Michel Rolland remarque que Cahors jouit aujourd’hui d’une belle notoriété car le malbec est un excellent vin ; et ajoute que Cahors est la meilleure source de malbec en France, en raison de son climat continental. En comparant les conditions de Cahors à celles de Bordeaux ; où le Malbec était autrefois très répandu ; Rolland a déclaré que le raisin était moins performant dans cette dernière région plus maritime.
Cela s’explique car le cépage est particulièrement sensible aux précipitations au début et à la fin de la saison de croissance. “Le malbec à Bordeaux est toujours très compliqué à cause de la pluie. Par conséquent, s’il pleut pendant la floraison, vous n’avez pas de fruit et si vous avez de la pluie pendant la maturation des baies, alors il devient très gros ; et donc vous n’avez plus de goût ; si en plus de tout ça vous avez de la pluie pendant la période des récoltes ; alors vous obtenez un vin pourri et affreux” a t-il noté.
Au contraire, même si la région n’est qu’à environ 200 km de Bordeaux ; Cahors a un «climat beaucoup plus continental», ce qui est un atout pour le Malbec. A titre d’exemple, les millésimes humides et donc moyens à Bordeaux ; tels que 1997, 2007 et 2011, étaient «très bons» à Cahors.
Le terroir calcaire de Cahors, une évidence pour l’élégance des vins
En dehors de Cahors, qui est à l’origine du cépage Malbec ; l’Argentine est devenue la meilleure patrie du Malbec car, tout comme la région Sud-Ouest de la France ; son climat est «très continental». Néanmoins, en raison du sol calcaire trouvé à Cahors, la région française produit un style de malbec plus brillant que celui trouvé en Amérique du Sud, en raison d’un niveau naturellement plus élevé d’acidité dans les vins. «Si nous travaillons bien à Cahors, nous aurons un peu plus de fraîcheur et de vivacité dans la dégustation du malbec que nous ne le trouvons en Argentine, où les vins sont toujours plus grands, ce que j’aime bien, mais l’élégance est plus évidente à Cahors qu’en Argentine”.
Le château Lagrézette, propriété d’Alain Dominique Perrin
S’agissant plus précisément de Château Lagrézette, le potentiel de la qualité des sols de la propriété était évident. «Avec Lagrezette, le terroir était là, mais même quand il est là, on peut faire des mauvais vins! Et il y a 30 ans, ils étaient très souvent mauvais», a-t-il déclaré. Le château Lagrézette a été acheté par Alain Dominique Perrin en 1979 en tant que propriété pour lui-même et sa famille. Au départ, il n’avait aucune intention de faire du vin de la propriété. Après avoir été informé de la qualité du site pour le Malbec, il décida de restaurer le vignoble. Michel Rolland fut engagé en 1988 pour l’aider à réaliser un projet de production de grands vins du domaine ; aboutissant à la création d’une cave spécialisée Lagrézette juste à temps pour le millésime 1992.
Alain Dominique Perrin admet que la propriété a atteint cette année le « seuil de rentabilité » avec une production de 500.000 bouteilles. Il espère être rentable dès l’ année prochaine. Le Château Lagrézette produit actuellement quatre vins de la propriété: un rosé à base de malbec, le Rosé de Julie; la Cuvée Dame Honneur (91% de Malbec et 9% de Merlot); Le Pigeonnier (100% Malbec) et le Château Lagrezette (87% Malbec, 12% Merlot et une très petite proportion de Tannat).